Notice géographique sur le cercle de Sokolo

 

     Le cercle de Sokolo s'étant entre 14°15' et 15°45' de latitude Nord, 7°10' et 9°30' de longitude Ouest.

    Ces renseignements sont aussi approximatifs que possible, étant donné que les limites du cercle sont encore bien incertaines et que le cercle ne possède que des cartes bien imparfaites.

    Il est limité au Nord par les tribus nomades de Maures pasteurs dont quelques-uns ont cependant des centres sédentaires importants tels que Oualata et Bassikounou.

    Ces tribus maures sont :

  1. -les Ouled-Allouch

  2. -les Ouled Bomadda

- les Ouled-Zeid

- les Chbaïn

- les Ouled Monhmar

- les Ouled Zaïein

- la tribu de Cheikh Mohammed El R'laf

- les Deilouba

- les El-Hadj

- les El Hacen

    La limite Est est constituée par les cercles de Goundam et de Djenné.

    La limite Sud par le Niger, les Etats de Sansanding et le cercle de Ségou.

    La limite Ouest par les cercles de Bamako et de Nioro.


Historique


    Le cercle de Sokolo a été formé en juin 1893 par l'annexion de contrées indépendantes telles que le Sokolo, le Ségala, Akhor, Mampala, Dioura, Dia, le Monempé. Tous ces territoires dépendaient d'un chef-lieu dont ils portaient le nom. Les chefs indépendants quelquefois même rivaux résidaient au chef-lieu et administraient le pays dans un rayon plus ou moins étendu, suivant leurs forces.


    Le Sokolo, chef-lieu Sokolo, fit partie du Royaume de Ségou après la mort d'El Hadj Omar qui l'avait englobé dans ses immenses conquêtes ; mais profitant de la faiblesse d'Ahmadou, il acquit bientôt une certaine indépendance. Plus tard, Sokolo se sépara complètement du Royaume de Ségou et se mit sous l'autorité d'un chef maure de Tenenkou, Abidina.

    Lorsque Abidina, défait par Tédiani (ou Tidiani ?), eut vu Tenenkou réduit en ruines, il se retira vers le Nord, abandonnant Sokolo à son sort. C'est alors que le pouvoir passa aux mains d'un Bambara venu de Minioukala, Diégué Couloubaly, père du chef actuel du village de Sokolo.

    A la mort de Diégué, un de ses fils lui succéda et ce dernier, mort peu après, eut pour successeur Abderaman le chef actuel.

    En 1887 Abderaman conclut un traité d'alliance avec MM Tantin et Quiquandon.

    En 1892 Abderaman ayant marché contre Mademba, Fama de Sansanding, vit ses contingents dispersés par le Commandant Bonnier au combat de Dosséguéla. Un de ses fils y fut même blessé et souffre toujours de sa blessure.

    Le chef d'escadron Bonnier ayant fait savoir à Abderaman qu'il irait canonner Sokolo s'il ne venait faire sa soumission, ce dernier n'eut garde de désobéir.

Le 5 Juin 1893, Monsieur le Capitaine Cogniard avec sa faible escorte venait fonder le cercle de Sokolo.


    Le Ségala, chef-lieu Ségala, a toujours été en lutte contre Ahmadou. Ça a été le berceau de la révolte contre l'autorité des Toucouleurs.

    Le chef de Ségala, souvent vainqueur, avait lui-même soumis le pays jusqu'à Guiré.

En 1887, le chef Demba Couloubaly (celui qui vient d'être déporté à Siguiri) signa lui aussi un traité avec MM Tantin et Quiquandon.

    En 1890, après la prise de Ségou, le Ségala fut annexé et rattaché à Bamako.

    Il ne fut rattaché au cercle de Sokolo qu'à la formation de ce dernier.


    Le territoire d'Akhor fut fondé par le cousin d'El Hadj Bougouni qui, à Sokolo, ne pouvant s'entendre avec ce dernier, quitta la ville et vint s'établir à Akhor avec sa famille.


    Pour la même raison, El Hadj Bougouni emmena les siens à Nampala et soumit tout le pays dans un rayon de 50 kilomètres environ autour de ce point.

Akhor et Nampala furent toujours rivaux, mais nous eûmes surtout à lutter contre El Hadj Bougouni qui, lors du soulèvement contre Mademba en 1892 fournit des contingents et vint lui-même combattre en personne.

    Ces deux villages furent annexés à la formation du cercle. El Hadj Bougouni affolé s'enfuit vers l'Est sur les bords du lac Débo.


Dioura était comme Sokolo, un village séparé de l'Empire d'El Hadj Omar, mais habité par une population commerçante, il se soumit sans conteste aux Français à leur arrivée à Sokolo.


Dia faisait partie du Royaume d'Ahmadou et n'abandonna ce prince qu'après la prise de Bandiagara et sur les menaces du Colonel Archinard.


Monempé faisait partie du Royaume de Ségou, mais habité par une population turbulente et pillarde, ne fut jamais d'une soumission exemplaire. L'excitation de Sansanding contre la puissance toucouleur entretenait cet état de choses. A la prise de Ségou, c'est contre nous que se tournèrent les agressions des habitants de Monempé. Il fallut la colonne de Kinian pour les mettre à la raison. Placés sous la domination de Mademba, ils se soulevèrent contre lui en 1892. Défaits à Dosséguéla, ils furent à nouveau rattachés à Sansanding jusqu'en 1893 où ils furent placés sous l'autorité du Commandant de cercle de Sokolo.


Divisions politiques


     Le cercle de Sokolo est subdivisé en un certain nombre de cantons, correspondant à peu près aux anciens territoires indépendants et comprend en outre quelques villages s'administrant séparément.

    Les cantons sont ceux de Nampala, Dia-Dioura, Monempé, Ségala, Akhor et Sokolo.

    Les cantons de Sokolo, Monempé et Dia-Dioura sont administrés directement par le commandant de cercle. Les autres ont à leur tête un chef de canton.

Les chefs-lieu de canton du cercle sont les points importants. Le village de Boudjiguiré, siège de perception, dans le canton d'Akhor est également un centre à signaler.


Géographie


     Le cercle de Sokolo n'offre aucun relief naturel du sol. C'est partout la plaine à perte de vue. Sur ce terrain peu propice à la culture poussent de maigres arbustes épineux qui, lorsqu'on s'écarte des sentiers battus, rendent la brousse absolument impénétrable.


Hydrographie


     Pour ajouter à cet aspect si peu riant, les cours d'eau font absolument défaut. Le Niger seul, dans une petite partie du cercle, évite à ses riverains le creusage de puits.

     Pendant la saison d'hivernage, les pluies abondantes forment ça et là d'immenses mares sans profondeur, mais dès que commence la saison sèche, ces mares sont bientôt à sec et il ne reste aux habitants pour leurs besoins et ceux de leurs troupeaux qu'un peu d'eau boueuse tirée à grand peine de puits très profonds.

     De ce manque d'eau résulte nécessairement une grande sécheresse du sol, sécheresse qui n'a de comparable que l'aridité des terres. Si l'on ajoute à cela une chaleur torride, augmentée encore par le vent brûlant venant du désert, on se figure aisément le peu de bien-être des habitants.


Habitants


    Le cercle de Sokolo est habité par des Bambaras, des Saracolets, des Peuls et des Maures.

    Les premiers, Bambaras et Saracolets, dominent surtout dans la partie méridionale du cercle. Les Peuls la partie Est, les Maures la partie Nord.

    Comme partout, les progrès de caste sont profondément enracinés et outre la grande classification en hommes libres et en captifs, les habitants se groupent par catégories de castes (tisserands, forgerons, griots, etc...)


Productions


     En raison de la sécheresse, le cercle de Sokolo est peu cultivé et seulement pendant la saison d'hivernage. Les habitants ne font de lougans que juste ce qu'il leur faut pour satisfaire à leur nourriture et à l'achat du sel nécessaire à leur consommation.

     Le mil est à peu près la seule plante cultivée.

     Dans la partie Est du cercle, là où les inondations du Débo se font sentir, quelques rizières sont établies.

     Quant au maïs, à l'arachide, à l'igname, au manioc, à peine en rencontre-t-on ça et là quelques plantations.

     Pour donner une idée de l'aridité du sol et des difficultés de cultiver que rencontrent les habitants, il suffit de jeter les yeux sur une carte du cercle. On y verra, à l'Ouest, au Nord et à l'Est de Sokolo une bande circulaire de terrain qui, commençant à 30 km de Sokolo, s'étend sur une largeur de 70 km sans offrir une seule ressource au voyageur. En traversant cette bande de terrain, on ne rencontre ni habitants, ni cases, ni lougans, ni eau. Le gibier lui-même y est peu abondant.

Aussi la principale occupation des habitants du cercle est-elle l'élevage des moutons et des chèvres. Les Peuls et les Maures, gens nomades, sillonnent constamment le cercle à la recherche des mares où ils pourront abreuver leurs troupeaux. Ils vivent de laitage et échangent leurs animaux contre différents objets nécessaires à leurs besoins. Les Bambaras et les Saracolets, gens sédentaires, se livrent à l'agriculture, aux différentes industries locales et surtout au commerce.


Commerce


     Les relations commerciales sont assez actives dans le cercle de Sokolo. Elles se font surtout par voie d'échanges, le numéraire étant encore peu connu.

     Les trafiquants maures arrivent du Nord en nombreuses caravanes, apportant du sel en barres et quelques étoffes. En échange, ils remportent de la guinée, du mil, des pagnes, etc... qu'ils vont même chercher jusqu'à San.

     Cette activité commerciale est du reste la principale source des revenus du cercle. Sans être aussi important qu'à Nioro ou à Goumbou, l'oussourou perçu dans le cercle de Sokolo sur toutes les marchandises franchissant la frontière (oussourou de 1/10) apporte au budget local de la colonie un appoint qui n'est pas à dédaigner.



    En résumé, le cercle de Sokolo, bien que moins évolué que ses voisins sous le rapport de la culture, se suffit à lui-même par son activité commerciale.

     S'il offre peu de ressources aux habitants, en dehors des nombreux troupeaux qu'il fait vivre, en revanche il permet aux Européens, à raison même de son manque d'eau, de jouir d'un excellent état sanitaire. Sokolo est très probablement en effet le seul poste du Soudan où depuis le 5 Juin 1893 on n'ait eu à enregistrer qu'un seul décès d'Européen, celui de Monsieur le Lieutenant-Colonel Deporter (?), mort à Sokolo des suites d'une dysenterie contractée en Algérie.

Sokolo, 29 Mai 1895

mercredi 29 mai 1895

 
 

suivant >

< précédent